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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/25

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CHAPITRE II


Micheline Laurent était passementière. Elle vivait dans une mansarde du cinquième étage, avec sa mère, sourde, infirme de tous les membres, malheureuse créature dont l’intelligence avait sombré dans l’alcoolisme. De cette terrible passion, le père de Micheline était mort huit ans auparavant, alors que l’enfant atteignait ses quatorze ans.

Micheline avait été élevée jusqu’à dix-huit ans à la campagne, chez une sœur de sa mère, excellente femme qui avait fait de sa nièce une fervente chrétienne et une habile ouvrière comme elle. Mais la bonne tante Louise était morte, et la mère, qui habitait Paris, était arrivée aussitôt pour emmener sa fille et surtout pour mettre la main sur les petites économies que Louise Blanchet laissait à sa nièce.

Micheline avait vite trouvé du travail à Paris. Pendant qu’elle était à l’atelier, sa mère s’adonnait plus que jamais à son vice dégradant, et lorsque la jeune fille, le cœur brisé de douleur,