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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/33

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LES DEUX FRATERNITÉS

— Et alors… nous héritons, dit Zélie d’une voix un peu haletante.

— Mais oui, vous êtes ses plus proches parents… Une belle fortune… Environ six cent mille francs…

— Six cent… balbutia Prosper, devenu pourpre.

Quant à Zélie, elle semblait soudainement changée en statue de la stupeur, et son regard incrédule se posait sur le notaire, qui continuait, en homme habitué à de pareilles surprises :

— M. Louviers avait fait sa fortune dans l’élevage. Elle était beaucoup plus considérable autrefois, mais il se maria, et sa femme en engloutit la plus grande partie. Le reste y serait passé aussi sans la mort de cette prodigue… Tout est en excellentes valeurs. Aussitôt que seront bien établis vos droits, je m’empresserai de vous mettre en possession de l’héritage.

Zélie commençait enfin à croire à cette fantastique réalité. Maintenant une joie folle brillait dans ses yeux noirs…

Et Prosper avait un peu l’air d’un homme grisé, tandis qu’il écoutait la voix nette et froide du notaire lui indiquant les formalités à remplir.

— Je vous prierai de revenir dans deux jours, j’aurai sans doute quelques renseignements à vous demander… Je ne veux pas vous retenir plus longtemps, monsieur et mademoiselle.

Ils se levèrent, prirent congé du notaire et sortirent, un peu comme des automates.

Une fois dehors, Prosper murmura :