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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/46

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LES DEUX FRATERNITÉS

— Et vous n’avez pas idée qu’il ait pu se produire un changement dans ses moyens d’existence ? Qu’il ait, par exemple, gagné un gros lot ?… ou fait un héritage ?


— Ma foi, non, monsieur. Il ne m’a jamais parlé qu’il ait pris un billet de loterie… Et quant à un héritage, je ne vois pas qui… Il n’a plus de parents, il me semble, en dehors d’un vieux cousin du côté de leur père, un bonhomme assez à l’aise et qui a beaucoup d’enfants. Du côté de la mère, il n’a que mon père et moi, des cousins très éloignés pour lui, du reste… À moins que le frère de son père, qui était parti pour l’Amérique… Mais on n’en entendait pas parler depuis des années et des années.

— Il a pu faire fortune là-bas et instituer vos cousins ses héritiers.

— Tiens, j’y pense, dit la concierge, il y a cette lettre que vous leur avez portée un soir, monsieur Mariey. Elle était adressée à M. et à Mlle Louviers…

— C’est vrai, je me rappelle… Et le lendemain je les ai rencontrés qui partaient en costume des dimanches. Comme je m’en étonnais, Zélie m’a répondu qu’ils allaient voir leur cousin Robin, de passage à Paris. En y réfléchissant, ça m’a étonné, parce qu’ils n’étaient pas en très bons termes avec lui… Et puis, ils avaient vraiment un air un peu singulier.

M. de Mollens posa sa main longue et fine sur le bras de l’ouvrier :

— Je vais vous dire mon avis, Mariey : vos