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LES DEUX FRATERNITÉS

Elle était un peu souffrante hier, vois-tu. Si tu veux faire asseoir les enfants, je vais servir tout de suite.

— Papa, marraine est venue, confia Louis à son père, tandis que celui-ci l’installait devant un des couverts préparés sur la table garnie d’une toile cirée bien nette. Elle a apporté des gâteaux. Tiens, regarde là-bas comme ils sont beaux ! Et puis elle a laissé un joli vêtement pour Lucien.

— Oui, Mme de Mollens est venue, dit Micheline en posant le plat de haricots sur la table. Elle a été charmante, comme toujours. Elle était un peu inquiète pour son petit Henry, qui est très délicat, et je lui ai promis de beaucoup prier à son intention.

— Ah ! je crois bien. Pour eux, nous ne pourrons jamais faire assez.

— Elle est jolie, marraine, et je l’aime beaucoup, dit gravement le petit Louis.

— Tu as raison, mon chéri, répliqua Micheline tout en s’asseyant entre son mari et son fils. Mais il faut l’aimer surtout, parce qu’elle est bonne, très bonne. Rien de nouveau à l’usine, Cyprien ?

L’ouvrier eut un geste mécontent.

— Eh ! ils s’agitent, tous ces imbéciles-là ! Ils écoutent les phrases de quelques meneurs et se laissent monter la tête comme des enfants.

— Alors, il est question de grève ?

— Oui, on en parle. J’espère cependant que ça se passera encore cette fois en paroles. Il y en