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LES DEUX FRATERNITÉS

— Toujours en dispute avec tes domestiques ? dit Prosper.

— Quelle engeance, mon ami ! Tu n’as pas idée de mes ennuis !

— Mais si, car ça ne marche pas toujours chez moi. J’ai beau les tenir très raides, ces coquins redressent la tête parfois… Eh ! eh ! c’est que tu ne me parais pas très tendre pour les tiens, ma petite !

— Il n’y a que ça, tu l’as reconnu toi-même. Ces êtres-là ont besoin d’être menés à la baguette… Comment trouves-tu ma robe ?

— Très chic. Ça vaut bien trois cents francs, hein ?

— Quatre cents. C’est une simple petite robe d’après-midi, mais elle est gentille. Eh bien ! rien que pour ça, j’ai eu une scène avec Jules !

Ellé saisit rageusement son manchon et sortit de la chambre, suivie par son frère.

Dans le vestibule, ils croisèrent une jeune bonne fort coquette qui portait un bébé élégamment vêtu, à la mine souffreteuse.

— Il a l’air malade, ton petit Léon, fit observer Prosper en jetant au passage un regard sur l’enfant.

Zélie effleura d’une caresse la tête couverte d’un léger duvet de cheveux et répondit, en continuant à marcher vers la porte :

— Il n’est pas très fort, c’est certain. Le docteur prétend que l’air de Paris ne lui vaut rien. Des histoires, tout ça ! Il finira par prendre le dessus, comme tant d’autres mioches. Je