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LES DEUX FRATERNITÉS

La réunion est à deux heures, il nous faut à peine cinq minutes pour arriver.

— Marchons, alors. Venez sous mon parapluie, Mariey ; il nous servira à tous deux… Les autres seront là-bas ?

— Oui, monsieur, ils l’ont promis. Malheureusement, beaucoup de ceux qui ont connu Prosper sont partis je ne sais où. C’est un fait exprès ! Enfin, il en reste encore quelques-uns, qui n’ont pas oublié la façon dont il nous a faussé compagnie. Je leur ai raconté l’histoire de l’héritage telle que vous avez réussi à la connaître, monsieur Hablin.

Ces mots s’adressaient au compagnon du marquis de Mollens.

— Oui, c’était gentil, ça. Et maintenant, vous savez, ils mènent grand train, sa sœur et lui.

— Ce qui ne l’empêchera pas tout à l’heure d’affoler toutes ces malheureuses cervelles d’ouvriers en leur parlant du « hideux capital », dit M. de Mollens avec une tristesse railleuse. Mais soyez sûr que son argent, à lui, est en sûreté !

Cyprien crispa les poings en murmurant :

— Misérable menteur ! Ça me fait bouillir, voyez-vous, monsieur le marquis ! Aussi, bien qu’il soit mon cousin — il ne l’a guère montré, du reste —, j’ai voulu aider à le démasquer, si c’est possible. Je le considère comme un malfaiteur qui empoisonne le malheureux peuple.

— Hélas ! combien sont-ils ainsi ! murmura M. Hablin. Lui est particulièrement dangereux, car il a une éloquence entraînante, il claironne