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pulation des champs ; il s’agissait, tout en l’accroissant, d’améliorer la production, c’est-à-dire d’en augmenter encore la valeur marchande, en introduisant dans le pays les instruments, les machines, les procédés d’exploitation, qui faisaient dans le même moment la prospérité de divers autres pays de l’Amérique ; il s’agissait de porter le capital, par toutes ces sécurités, par tous ces encouragements, par toute cette sollicitude, par la certitude du succès, à se placer dans la culture des terres.

Ces efforts auraient dû s’étendre sur tous les détails de la question, et ils auraient dû être la préoccupation exclusive du gouvernement. Un bon gouvernement en Haïti doit être pour ainsi dire un gouvernement agricole, c’est-à-dire un gouvernement ne pensant le jour, ne songeant la nuit, qu’à faire aimer au peuple le travail des champs comme la condition même de son existence nationale.

Le gouvernement du président Boyer s’est plus appliqué à trouver les moyens de maintenir l’ordre politique qu’à chercher ceux de développer l’activité publique dans le travail. Il n’a pas assez senti que la prospérité, sortie de l’agriculture, sur ce sol si généreux, lui aurait assuré un ordre public plus solide, plus vrai, que les mesures de politique qu’il s’ingéniait à combiner dans ce but.

Si, sur cette terre, où la population n’est pas le vingtième de ce qu’elle peut être, la prospérité s’était répandue grâce au travail dans toutes les classes de la nation,