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s’écroule. La vérité, c’est que, dès la semaine qui suivit l’élection de Salnave à la présidence, un parti nombreux s’organisa contre lui. Il avait, aux yeux de ses ennemis, une sorte de péché originel. Il n’avait pas encore fait un geste, dit un mot, que la coalition travaillait à le renverser. Il avait pourtant été élu par l’Assemblée nationale constituante. L’insurrection dite des Cacos était l’espérance de ses ennemis, et ils s’appliquèrent à la propager en la soutenant autant qu’il était en eux et par tous les moyens.

Quand l’Assemblée constituante se fut séparée et qu’on procéda à l’élection de la nouvelle Chambre des représentants, ces ennemis se firent nommer députés en aussi grand nombre que possible. Le gouvernement ne s’était point mêlé de ces élections ; personne ne peut contester ce fait, et ce fait est d’une grande portée. Il eût pu cependant y intervenir en faisant présenter aux populations des candidats de son choix et en les faisant appuyer par les autorités. Il n’en fit rien.

C’est en cela surtout que consiste le libéralisme dans un gouvernement, C’est là la marque la plus irrécusable de sa loyauté, de son intention de gouverner sous le contrôle et avec le concours de la représentation du pays.

Si ce gouvernement eût eu l’intention de gouverner en dehors des lois, c’était là pour lui le moment d’agir, en faisant composer à son gré la Chambre des représentants. Chacun sait qu’il eût réussi sans difficulté dans tous les arrondissements sans exception. Mais il