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nie se réservait pour son commerce particulier avec côtes de l’Amérique centrale, notamment avec le Mexique ; avec quelques îles voisines, comme Curaçao et la Jamaïque ; avec la colonie espagnole de Santo-Domingo, et surtout avec les Anglais, qui, même au milieu des guerres de la France avec la Grande-Bretagne au dix-huitième siècle, y avaient, sur certaines côtes éloignées des villes, des rendez-vous où ils faisaient des échanges considérables avec les colons, assez peu patriotes, comme on sait.

Il faut, en outre, pour former le total de cette production annuelle de Saint-Domingue, porter en ligne de compte les produits employés par un grand nombre de planteurs à leurs affaires clandestines et très étendues avec les Américains du Nord, qui allaient, dans de petits ports isolés, débarquer des bestiaux, des farines, leurs poissons salés, des bois de construction, qu’ils débitaient en hâte sur la côte. Ils y embarquaient en échange, chaque année, plus de 50 000 barriques de sirop, du sucre, du café, et une fort grande quantité d’autres denrées tenues en réserve pour ce commerce interlope.

Ces exportations de la colonie au détriment du monopole de la mère-patrie s’élevaient à un chiffre à peu près égal à celui de ses relations régulières avec la métropole, et mettent ainsi à un demi-milliard de francs la production totale de Saint-Domingue en ce temps-là, et jusque vers l’année 1802.

Avant 1780, c’est-à-dire à une époque où la colonie