Page:Delphine de Girardin - Poésies complètes - 1856.djvu/113

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Du jaune avec du bleu font du vert en peinture.
Tel vice marié mène à telle aventure :
Pour moi, si j’écrivais un roman, j’y mettrais
Un seul événement — entouré de portraits.
Je prévois sans erreur l’effet involontaire
Des défauts de chacun sur mon sot caractère :
Un ennuyeux — me rend méchante au dernier point ;
Je désire sa mort, je ne le cache point ;
Un fat — me rend maussade, un sauvage — coquette :
Je deviendrais CARLISTE avec un Lafayette,
Républicaine avec monsieur de Metternich !
Oh ! des opinions j’abhorre le trafic ;
Chaque partie me voit dans le contraire extrème ;
J’aime ce qu’il déteste, et je hais ce qu’il aime !
N’allez pas croire, au moins, que j’éprouve, grand Dieu !
L’exagération dans le JUSTE-MILIEU !…
Non ; je suis philosophe en fait de politique ;
D’un très rare bon sens, entre nous, je me pique.
Je pense de nos jours que les gouvernements
Se nourissent d’impôts — et non de sentiments.
C’est à notre raison que leur besoin s’adresse :
Ils veulent notre argent, et non notre tendresse ;
Et, puisque nous voilà sur ce sujet, je veux
En deux mots, en passant, vous faire mes aveux:

Un monarque absolu, je comprends qu’on l’encense.
Au moins, ce qu’on adore en lui, c’est la puissance.
Il peut nous exiler selon son bon plaisir,
Repousser — ou combler notre plus cher désir,
Nous dégrader — ou bien nous admettre à sa table,
Nous faire pendre — ou nous faire connétable ;
Et je comprends alors qu’on lui donne sa foi,
Et que, dans son délire l’on s’écrie « Ô mon roi ! »
D’ailleurs, ce dévouement sans bornes, il l’exige ;