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Page:Delphine de Girardin - Poésies complètes - 1856.djvu/143

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Morte pour avoir vu le monde en son vrai jour ;
C’est une noble vie — en un temps d’égoïsme,
Une grande pensée — avortée en sophisme ;
C’est, en un mot, l’enfant d’un héros, d’un vainqueur,
Élevée en naissant par un fat joli-cœur.

Voici pour Napoline.
                               Oh ! quant à la duchesse,
N’allez pas voir en elle une illustre princesse,
Ni madame de R***, ni madame de T…
Ce que j’ai peint en elle est la Société,
Telle que je l’ai vue, et telle qu’on la trouve ;
Belle quand elle fuit, — laide quand on l’éprouve ;
Squelette bien vêtu, mannequin coloré,
Frêle idole de bois dans un temple doré ;
Beauté de convenance, affreuse sans toilette ;
Femme qui gagnerait à n’être que coquette ;
Souper de comédie, au dessert de carton ;
Fruits de Florence, en marbre, — et roses de Batton ;
Nature d’opéra, vertu de mélodrame ;
Ne donnant rien aux arts, rien à l’esprit, à l’âme,
Abreuvant de dégoûts ses plus chers favoris…
Voilà comme j’ai vu le monde de Paris.

L’Héritière — n’est pas un portrait équivoque
En elle, j’ai montré le vrai dieu de l’époque,
L’Argent ! —qui rend l’esprit et le courage nuls,
Qui change le génie et l’amour en calculs ;
L’Argent ! la providence ou plutôt la ressource
De l’univers ! Dieu saint ! dont le temple est la Bourse.
Dans ce temple superbe ouvert à son pouvoir,
Le prêtre est un banquier, l’autel est un comptoir,
Et le parquet bruyant est le saint tabernacle,
Dont un agent de change est le sublime oracle.