Alors sa tête se relève ;
Elle écarte ses longs cheveux ;
Sa tristesse n’est plus qu’un rêve,
Et l’enfant a repris ses jeux.
Folle, elle va mouiller dans l’herbe
Sa robe et son petit soulier,
Pour voir de près l’arbre superbe
Que la tempête a fait plier ;
Ou ramasse les coquillages
Que l’eau du torrent balaya :
Tout l’amuse… jusqu’aux ravages
De l’orage qui l’effraya !
Son âme n’est plus oppressée,
Rien ne résiste à ses désirs,
Et de sa souffrance passée
Il ne reste que des plaisirs.
Oh ! joyeuse enfance ! heureux âge
Qu’un regard protége toujours !
Brillante saison où l’orage
Est le seul chagrin des beaux jours !
Je veux ainsi couler ma vie !
Au sort je me résignerai :
Par la tempête poursuivie,
Comme l’enfant je dormirai.
Poésie, ô sainte chimère !
Viens aussi garder mon sommeil :
Éveille-moi, comme sa mère,
Aux premiers rayons du soleil !
Paris, 1835.