Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/108

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Il va monter au trône et sa chute est prochaine ;
Il croit venger son père et sa perte est certaine.

(Désignant le fond du théâtre.)

Il marche vers le temple où sur l’autel sacré
Il prendra le poison qu’un Mage a préparé…
Chaque pas, chaque instant perdus pour ma vengeance
Redoublent ma terreur… Écoutons… quel silence !

(Se reprenant avec force.)

Moi craindre ?… tes soldats à vaincre accoutumés,
Mon fils ! en vain pour toi se seraient-ils armés ?
Verraient-ils un bourreau plonger sa main cruelle
Dans le sang d’un guerrier, leur chef et leur modèle,
Quand le peuple indigné t’appelant à grands cris,
S’unit, pour te défendre, aux Mages attendris ?…
Fuyez vaines terreurs ! je vois l’Asie entière,
En couronnant le fils, justifier le père.
Je vois de l’univers mon forfait ignoré
Affermir sur le trône un vainqueur admiré…
Pour moi, je ne demande aux Dieux pour récompense
Que de finir ma vie où ton règne commence,
Arbace ! en expirant je bénis mon destin,
Si mon dernier regard voit le sceptre en ta main !