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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/17

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Mon fils, j’ai provoqué le décret du sénat
Qui vous lègue après moi, les rênes de l’état.
Je hais Démétrius !… son fatal droit d’aînesse
A pour vous trop long-temps alarmé ma tendresse.
Mon cœur est satisfait, mes vœux sont accomplis ;
J’ai le prix de mes soins : vous régnerez, mon fils.
Cette Rome, autrefois temple de la justice,
Dont les remparts étaient un Émile, un Fabrice,
Rome, à qui tant de rois ne pouvaient résister,
Appartient maintenant à qui l’ose acheter.
Elle est à moi !… mon or, enchaînant son otage,
De mon trône à vous seul assure l’héritage !…

(Après avoir regardé autour d’elle.)

Apprenez qu’en secret le fier Valérius
Doit aux mains des licteurs livrer Démétrius.

(Antiochus cache sa surprise et son indignation.)

Mais, tandis qu’à mes vœux Rome paraît souscrire,
Au sein de mes états je sais que l’on conspire.
Je sais que près de nous un ennemi caché,
Inconnu, sourdement à ma perte attaché,
Sous un masque trompeur déguisant sa furie,
Vers la rébellion fait pencher la Syrie.
L’Euphrate sur ses bords entend des factieux
Élever contre moi des cris séditieux.
J’ai prévu nos dangers, sans en être alarmée.
Je préside au conseil ; vous, commandez l’armée.
Mon camp est sous nos murs, marchez : nos ennemis
Vont tomber à mes pieds, désarmés et soumis.
Enchaînez la discorde, et, dans un fils que j’aime,
Montrez à l’univers l’espoir du diadème.
Mais avant d’y prétendre, il le faut mériter ;
Il faut peser le sceptre avant de le porter !…
Avant que d’aspirer au trône d’une mère,
Je veux qu’Antiochus ait fermé ma paupière.