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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/46

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De son horrible aspect, moi, souffrir le supplice !
Moi lui parler !

HÉLIODORE.

Moi lui parler ! Seigneur, calmez votre courroux.
Reconnaissez la reine à ses bontés pour vous.
Verser sur vos vieux jours l’éclat dont elle brille,
Vous rendre votre rang, couronner votre fille,
Voilà ce qu’elle veut ; et vous la haïssez ?
À ses nobles desseins, seigneur, applaudissez.
Et lorsqu’Antiochus s’unit à Stratonice…

NICANOR, l’interrompant avec indignation.

Que le fils de la reine à ma fille s’unisse !
Avant que par tes soins de tels nœuds soient formés,
À la clarté du jour mes yeux seront fermés :
On n’achèvera point ce fatal hyménée !
Dût la reine m’offrir la coupe empoisonnée
Que sa main criminelle offrit à son époux,
Dussé-je à l’instant même expirer sous ses coups ;
Va la trouver ! dis-lui, barbare Héliodore,
Dis-lui que je rejette un hymen que j’abhorre ;
Dis-lui que si ma fille, en ce jour, malgré moi,
Au temple osait trahir ses sermens et son roi,
L’ingrate me verrait, étouffant la nature,
Ardent à me prévenir ma honte et son parjure,
Dans son cœur, dans le mien, enfoncer le couteau,
Et, satisfait, descendre avec elle au tombeau !

(S’éloignant d’Héliodore avec horreur.)

Ô mon roi ! tu n’es plus ! que m’importe la vie ?
Sur son trône, usurpé, moi, voir la tyrannie
S’asseoir impunément, et recueillir en paix
Le prix de ton trépas, le fruit de ses forfaits !
Moi vivre ! et voir ta veuve, à ton frère enchaînée,
Sur ta cendre allumant le flambeau d’hyménée,