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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/51

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Au fond du souterrain où l’on me fit descendre,
J’implorais le trépas que j’étais las d’attendre ;
On ouvre ma prison. J’entends marcher : je voi
Deux inconnus paraître et s’avancer vers moi.
Mon œil, à la lueur du flambeau qui les guide,
Voit briller le poignard dans leur main homicide.
Le plus jeune, à ma vue, a reculé d’horreur.
Terrible, impatient d’assouvir sa fureur,
L’autre vers moi s’élance, et déjà sur ma tête
Tient le fer suspendu ; son complice l’arrête,
Et, prompt à me défendre, ardent à me venger,
Repousse le poignard levé pour m’égorger.
Soudain l’un contre l’autre ils retournent leurs armes.
Seul, passant tour à tour de l’espoir aux alarmes,
Entre mon assassin et mon libérateur,
Enchaîné, du combat je reste spectateur !…
Je vois enfin, je vois le guerrier magnanime
Renverser l’assassin aux pieds de la victime.
Il expire : (c’était l’infâme Lysias !)
Mon vengeur aussitôt vers moi tournant ses pas,
Blessé, rappelle encor ses forces, son courage,
Et, couvert de son sang, de mes fers me dégage.
Il m’apprend que son bras jadis avait puni
Le cruel Pharasmin par mon père banni ;
Et qu’ayant pris son nom, après vingt ans d’absence,
Du traître Lysias trompant la confiance,
Complice généreux d’un horrible dessein,
Il a, pour me sauver, suivi mon assassin ;
Il m’apprend que, charmé du choix de la victime,
Mais voulant l’immoler sans se charger du crime,
Le perfide consul, à l’insu du sénat,
A seul favorisé mon lâche assassinat.
J’écoutais : tout à coup sa voix s’est affaiblie ;
« Près de sauver tes jours ton frère perd la vie, »