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Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/103

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GÉRARD DE NERVAL

mensités ténébreuses de ces cerveaux frappés de réprobation par le monde et de sarcasme par les imbéciles heureux. Les évolutions frénétiques de la pensée, cette comète morale, à travers les espaces bleus, rouges ou noirs de la cervelle, vous tiennent anhélants, inquiets et enfiévrés de curiosité. Vous devinez bien qu’il y a là-dedans — entre ces murailles de chair et d’os qui s’élargissent incommensurablement sous la pression formidable de la folie — une genèse inconnue, différente de la genèse vulgaire, pleine de mystères, encombrée de choses. Vous devinez bien que ces cervelles dédaignées, bafouées, hors la loi sociale, renferment des mondes qui dansent une ronde continuelle autour d’un soleil intérieur qui les réchauffe et les éclaire, et que leur immensité — comme celle dont parle saint Paul — est peuplée d’une création vivante…

On ne touche pas impunément à ces mystères ; on ne soulève pas impunément