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Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/107

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GÉRARD DE NERVAL

Souriait dans vos yeux :
Flambeaux éteints du monde,
Rallumez-vous aux cieux.


Sylvie s’était mariée, et la Reine de Saba était « au tombeau. » Cette double mort avait été le double coup de marteau qui avait fêlé à jamais le cœur de Gérard. En vain voyagea-t-il, espérant ainsi dompter l’âme révoltée en fatiguant le corps : le souvenir, impitoyable, fut son compagnon de route. Il aurait bien dû le prévoir, lui, l’éditeur de Ronsard qui avait dit :


Pauvre sot que je suis, qui pense qu’un voyage,
Tant soit-il estranger, m’arrache du courage !
Le souci encharné qui dans mon cœur vivroit,
Et de sur mon cheval en croppe me suivroit…

Il aurait bien dû le prévoir, lui encore, le traducteur d’Horace qui avait dit, longtemps avant l’amant de la belle Angevine, » de L’adorable Marie :


Post equitem sedet atra cura.

Son atra cura — noir, mais cher souci —