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Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/129

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GÉRARD DE NERVAL

le pain salé de l’étranger, comme Ulysse dans l’Odyssée :


                 …Ah ! puissé-je bientôt
Voir de mon toit natal s’élever la fumée !

Il était revenu à Paris, où il était né et où était morte la Reine de Saba, dont le souvenir, quoique un peu furvescent, brillait toujours devant ses yeux comme le feu-follet des marécages — si trompeur !

Les années, en s’accumulant sur sa tête, n’avaient pas entamé la cuirasse de diamant de son cœur, toujours battant des ineffugibles pulsations de l’amour ancien — cependant un peu ralenties. Tout au contraire des gens que la foudre hébète quand elle ne les tue pas, Gérard de Nerval avait gagné une sorte de vigueur morale à cette lutte corps à corps avec la Fatalité : le chêne blessé saignait, — mais c’était du baume qui sortait par la fente toujours béante de sa blessure. Bien loin de maudire rien ni