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GÉRARD DE NERVAL

sautillait gravement pendant la journée. Au pied de l’escalier, une grille, à hauteur d’homme ; en face, une écurie où couchaient des vagabonds ; à quelques pas, un garni suspect ; puis rien que « les maisons muettes et des murs suant la misère et l’abjection…

C’était là, dans cette rue tarée, à cette grille, devant ce bouge, que Gérard de Nerval, qui avait toutes les délicatesses, était venu mourir, le matin du 26 janvier 1855, — et de quelle mort ! C’était là, pendu avec un cordon de tablier dont les deux bouts se rejoignaient sur sa poitrine, et les pieds presque touchant terre, qu’un des hôtes du garni, en sortant pour se rendre au travail, l’avait trouvé, lui, l’amant de la Reine de Saba ! C’était à n’y pas croire, et cependant cela était ainsi : Gérard de Nerval s’était pendu, ou on l’avait pendu.

Les voisins et les commères du quartier s’étaient rassemblés en grande hâte autour du suicidé, qui leur offrait ainsi un spectacle gratuit, émouvant ; mais aucun d’eux