Mais je laisse parler Gérard, qui a rendu la besogne si agréable à ses biographes en prenant la peine de se raconter lui-même tout en racontant pour les autres :
« Le jour commençait à se faire. Nous sortîmes du bal, nous tenant par la main. Les fleurs de la chevelure de Sylvie se penchaient dans ses cheveux, dénoués ; le bouquet de son corsage s’effeuillait aussi sur les dentelles fripées, savant ouvrage de sa main. Je lui offris de l’accompagner chez elle. Il faisait grand jour, mais le temps était sombre. La Thève bruissait à notre gauche, laissant à ses coudes des remous d’eau stagnante où s’épanouissaient les nénuphars jaunes et blancs, où éclatait comme des pâquerettes la frêle broderie des étoiles d’eau. Les plaines étaient couvertes de javelles et de meules de foin, dont l’odeur me portait à la tête sans m’enivrer, comme faisait autrefois la fraîche senteur des bois et des halliers d’épines fleuries.
« Nous n’eûmes pas l’idée, de les traverser