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GÉRARD DE NERVAL

est que la maîtresse ; alors, la première reste seule toute-puissante, dans ce cerveau nourri de rêves et d’hallucinations, ni plus ni moins qu’un fumeur d’opium du Caire, ou qu’un mangeur de hatchisch d’Alger, et alors, la vagabonde qu’elle est le jette dans les théories impossibles, dans les livres infaisables. Tantôt il est le roi d’Orient Salomon, il a retrouvé le sceau qui évoque les esprits, il attend la Reine de Saba ; et alors, croyez-le bien, il n’est conte de fée, ou des Mille et Une Nuits, qui vaille ce qu’il raconte à ses amis, qui ne savent s’ils doivent le plaindre ou l’envier, de l’agilité et de la puissance de ces esprits, de la beauté et de la richesse de cette reine ; tantôt il est sultan de Crimée, comte d’Abyssinie, duc d’Égypte, baron de Smyrne. Un autre jour, il se croit fou, et il raconte comment il l’est devenu, et avec un si grand entrain, en passant par des péripéties si amusantes, que chacun désire le devenir pour suivre ce guide entraînant dans le pays des chimères et des halluci-