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resseuse occupée par des cigarettes, la rédaction de lettres pressées, la correction d’épreuves, et, au bout de cela, le retournement de mon plan que je fais danser sur la table.

Après le second déjeuner et une longue fumerie, au papier couvert d’écriture imbécile, d’un travail qui n’aboutit pas, mêlé d’enragement contre soi-même, de lâches envies de lâcher la chose ; enfin, vers quatre heures, l’entraînement obtenu et des idées, et des images, et la vision des personnages, et de la copie à peu près coulante jusqu’au dîner, jusqu’à sept heures. Mais cela à la condition que je ne sortirai pas, que je n’aurai pas la pensée dérangée par la préoccupation de la toilette et de l’habillement d’un dîner en ville.

Puis, alors, jusqu’à onze heures, ce morceau repris, rapetassé, raturé, amendé, corrigé, et enfumé d’un nombre infini de cigarettes.

Ou bien encore, le soir, l’auteur s’en allait le long de la Seine jusqu’à Saint-Cloud. En marchant il bâtissait un chapitre, griffonnait quelques mots sur un carnet. Il rentrait se coucher et le lendemain, de bon matin, la mémoire fraîche, il mettait au net le travail de la veille.


XXXIV

Préfaces et Manifestes littéraires.

Les Préfaces et Manifestes littéraires renferment tout ce que les Goncourt ont eu l’occasion d’écrire sur leur façon de comprendre l’histoire, le théâtre et le roman. Les préfaces juxtaposées marquent les étapes de la carrière des deux auteurs, l’exposé de leur but et la défense de leurs intentions. À vrai dire, c’est dans ce petit livre qu’il faut chercher la biographie intellectuelle des Goncourt, le développement de leur pensée précédant le développement de leur œuvre, l’explication des luttes qu’ils ont soutenues et dont les résultats furent la mort de Jules et l’importance