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fut jeté au feu et un frère africain, Abou-Hassan, en trois actes, qui lui naquit, fut aussi brûlé vif, après s’être fait mettre à la porte du Palais-Royal.

Ces deux essais n’ont pas été conservés. Ils furent rejoindre, dans les limbes des pièces mortes sans baptême, l’Étienne Marcel, drame en cinq actes, en vers, que Jules avait écrit en rhétorique, alors qu’Edmond qui désirait faire partie de la Société d’Histoire de France, écrivait sur les châteaux d’architecture féodale un travail qu’il a jugé fort sévèrement lui-même et qui n’a pas été imprimé.

Les véritables débuts littéraires des Goncourt se placent ici, à l’avènement du petit livre intitulé En 18. Ici commence la collaboration régulière et qui sera continue des deux frères. En 18 était un livre bizarre et cabalistique, vraiment fou de jeunesse, un imbroglio effronté et casseur de vitres. Sur l’histoire énigmatique et presque insaisissable d’un homme amoureux de deux femmes : une espionne et un modèle, et qui se suicide en se faisant collectionneur, les deux auteurs avaient bâti un roman à tiroirs, décousu, sautillant, assez justement comparable aux supports en bois blanc auxquels on attache les fusées et les pièces successives des feux d’artifice. L’Âne mort et la Femme guillotinée avaient mis à la mode les contrastes baroques joints aux carrousels de style et aux afféteries préméditées. Il n’est pas étonnant que Jules Janin se soit montré indulgent pour ces prouesses dont il se sentait l’inspirateur.

L’histoire de ce premier livre est curieuse. M. Edmond de Goncourt l’a racontée brillamment dans la préface de la réimpression belge. Le 5 novembre 1851, le manuscrit avait été livré à l’imprimeur et le volume allait paraître : « Le 1er décembre 1851, nous nous