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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/156

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au canada et chez les peaux-rouges

communications (un chaland était le seul moyen de transport entre les deux colonnes). Si l’ennemi avait été entreprenant et avait eu les plus élémentaires notions de tactique militaire, il aurait pu, par l’agilité de ses mouvements, écraser l’une après l’autre les deux troupes alourdies par la masse de leurs transports. Il n’en fut rien. Les Métis ne bougèrent pas, paralysés qu’ils étaient par l’attitude indécise ou contradictoire de Riel, dont la conduite, pendant la durée de l’insurrection, fut un mystère. Aussi le général Middleton, après un premier avertissement, put-il atteindre son but.

Le 23 avril, le camp de la Traverse de Clarke est levé, et l’on se remet en marche : l’aile gauche, forte de près de 400 hommes et 2 canons, sous les ordres du lieutenant-colonel Montizambert avec lord Melgund comme chef d’état-major ; l’aile droite, forte de 500 hommes et 2 canons, sous les ordres directs de Middleton. Le 24, en approchant du ravin de la Rivière aux Poissons (Fish Creek), à 10 milles de Batoche, l’avant-garde est assaillie par des coups de feu, dans un terrain fort accidenté, et forcée de reculer. L’action s’engage aussitôt. Les Métis sont repoussés jusqu’au ravin, mais toutes les tentatives faites pour les en déloger restent infructueuses. Ils avaient creusé des tranchées et se tenaient blottis dans des rifle pits, trous profonds où ils se cachaient pour tirer, n’offrant de prise à l’ennemi que sur une surface très réduite. Employant leurs ruses de guerre, ils mettaient en évidence un chapeau au bout d’un bâton ou une couverture derrière un buisson, et, pendant que les soldats, encore novices sous ce rapport, criblaient de balles ces objets qui figuraient l’ennemi, celui-ci profitait de la circonstance pour tirer à coup sûr.

Middleton désespérant, malgré le tir de son artillerie, d’enlever les positions ennemies, d’où part une violente fusillade, cesse le feu et établit son camp à quelque distance en arrière, du champ de bataille, après avoir perdu 10 tués et 40 blessés, soit 1/10e de son effectif. Les Métis, que commandait en personne Gabriel Dumont, n’étaient, d’après les papiers trouvés plus tard à Batoche, que 280. Leurs pertes furent de 11 tués et 18 blessés.

C’était un échec pour les troupes, et il en aurait été sans doute autrement si Middleton n’eût pas divisé ses forces. Pendant toute la durée du combat, la colonne de la rive gauche dut assister l’arme au bras