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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/168

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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

qu’elle eut pour résultat de raviver les haines de race et de jeter une perturbation complète dans la ligne de conduite de l’élément français.

À peine connue, la nouvelle de l’exécution de Riel souleva les plus vives récriminations contre le cabinet, et surtout contre les ministres français, dans tout le Bas-Canada. Des meetings d’indignation eurent lieu partout et la presse, conservatrice aussi bien que libérale, — même une partie de la presse anglaise, — fit entendre d’ardentes protestations. Puis la réflexion aidant et la politique s’en mêlant, la question Riel ne fut plus qu’un tremplin électoral sur lequel se battirent les pendards ou partisans de la corde (conservateurs) et les nationaux (libéraux et conservateurs dissidents).

Depuis ce temps, l’animosité s’est affaiblie mais n’a point cessé, et la scission produite entre conservateurs s’est perpétuée. Lors des élections au Parlement de Québec, un an après, la majorité passa sans hésitation des conservateurs aux riellistes, et au Parlement fédéral, en 1887, le cabinet de sir John vit sa belle majorité sensiblement réduite.

Enfermé comme fou, Riel eût cessé d’être dangereux. Son exécution en a presque fait un martyr. Qui sait si, un jour, sa statue ne s’élèvera pas sur le lieu même de son supplice ?

Les lieutenants de Riel : Poundmaker, Gros-Ours, Maxime Lépine, Garnot et plusieurs autres, furent condamnés à quelques années d’emprisonnement jusqu’au jour où des grâces individuelles, prévenant l’amnistie de juillet 1886, leur ouvrirent les portes du pénitencier de la Montagne de Pierre.

Les auteurs des massacres du Lac aux Grenouilles avaient expié leurs forfaits, et huit Indiens ou Métis avaient été pendus, le 27 novembre 1885, à Battleford.

C’était l’épilogue du drame du Nord-Ouest.