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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/84

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au canada et chez les peaux-rouges

fait attention ? Cette magnifique journée se termina par le traditionnel banquet donné dans la grande et belle salle du marché couvert. Est-il besoin de dire que la plus franche cordialité ne cessa de régner parmi les 200 convives présents et que l’abondance des vins généreux ne fut pas un éteignoir pour la vieille gaieté gauloise ? Les toasts furent innombrables et auraient peut-être duré jusqu’au lendemain si le train de Montréal n’avait donné le signal du retour. Par une délicate attention, la musique avait appris à la hâte le Chant du Damara. Aussi ce morceau, devenu pour ainsi dire l’enfant adoptif des passagers du Damara, fut-il salué à son apparition par des acclamations sans fin, succédant à un moment de silence causé par cette agréable surprise, dont il faut reporter le mérite au curé Labelle. Deux heures après nous étions à Montréal, préparant notre départ du lendemain pour Ottawa, Toronto et le Niagara.

Quatre heures de chemin de fer séparent Montréal d’Ottawa, et deux lignes différentes réunissent les deux cités. Capitale du Dominion du Canada, Ottawa, situé dans la province d’Ontario, est une ville toute nouvelle que l’on aperçoit, dès l’arrivée, dans un site pittoresque sur les bords de l’Outaouais. Au commencement du siècle, la vallée de l’Outaouais n’était encore qu’une immense forêt. En 1826, le colonel By, chargé de construire le canal reliant les eaux de l’Outaouais à celles du lac Ontario, jeta les premiers fondements d’une bourgade à laquelle il donna son nom, Bytown. Trente ans plus tard la cité naissante prit le nom d’Ottawa. Sa population compte 30, 000 âmes environ, dont près d’un tiers est de race française. Bien que l’élément anglais domine dans la population et dans les conseils de la cité, nombre de maisons sont pavoisées et ornées d’inscriptions de bienvenue en français ou en anglais à l’adresse des membres de la délégation. La municipalité a même voté des crédits pour défrayer les visiteurs, que de superbes carrosses attendent à la gare. Comme dans les autres villes, un comité de réception s’est formé, et ses membres ont eu pour mission de servir de pilotes à leurs hôtes de passage. À la tête de ce comité se trouve M. Benjamin Sulte, sous-député-ministre de la milice, que nous connaissions déjà comme écrivain de mérite et qui se révèle ici comme causeur plein de charme.

La première visite faite par les délégués, au saut du train, est pour