Aller au contenu

Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
au canada et chez les peaux-rouges

entouré de grilles et couvert de fleurs (ce qu’il y a de mieux dans tout le Parc) sert de cadre à deux pièces de canon prises à Sébastopol et données par la reine Victoria à la ville de Toronto. Plus loin se dresse un beau monument élevé à la mémoire des volontaires tués lors de l’invasion féniane de 1866. À côté s’élève la statue peu artistique de George Brown ; celui-ci a l’air d’être habillé avec des lamelles de zinc.

Le long du Parc se dressent l’Observatoire, grand bâtiment en briques rouges, sans cachet, et l’Université. Cette massive construction, qui date de 1857, semble n’avoir que deux côtés et être construite en forme d’angle. Sur la façade s’élève au centre une grosse tour carrée, dont les ailes sont inégalement construites. Les hauteurs sont différentes et aucune des fenêtres de l’aile droite n’est au niveau de celles de l’aile gauche. Bien plus, le côté qui touche à la bibliothèque semble fait de pièces et de morceaux. La bibliothèque a la forme d’une rotonde. La pierre de construction est grisâtre et jaunâtre. Tout cela est original, mais manque totalement d’harmonie.[1] C’est un peu sur ce modèle qu’ont été construits les palais officiels d’Ottawa. Devant l’Université s’étend une belle pelouse verte sur laquelle les étudiants s’adonnent avec ardeur au jeu de la crosse.

Comme dans toutes les villes canadiennes anglaises, les églises sont fort nombreuses ; il y en a bien une cinquantaine.

Le Parlement est un grand bâtiment sombre donnant sur un jardin. Quelques colonnades le distinguent seules du reste des habitations. La province d’Ontario est une des trois qui ne possèdent pas de Conseil législatif. Son assemblée unique se compose de quatre-vingt-douze membres, dont un seul est de race française.

Les environs de Toronto sont bien cultivés et affectés plus spécialement à la culture maraîchère. Cette région est très peuplée et les chemins de fer commencent à y abonder. La ligne du Grand-Tronc, que nous prenons à Toronto, va jusqu’à la ville américaine de Détroit, traversant l’Ontario dans toute sa longueur. À l’extrémité de cette province se trouve le comté d’Essex, où habite une colonie de plus de 30,000 Canadiens-Français, ayant la majorité, sinon dans le comté, du moins dans plusieurs centres importants. Un journal français, le

  1. Le feu s’est chargé de rétablir l’unité en détruisant totalement l’Université (1890).