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nationaliste dans l’Inde devint assez puissant pour inquiéter la Grande-Bretagne. Chose remarquable, l’esprit de révolte s’empara d’abord des provinces qu’on aurait pu considérer comme les moins impatientes du régime. Au mois d’octobre 1905, tout le Bengale, province historique, proteste contre la décision qui le divise en deux provinces au mépris de son antique unité ; on boycotte les marchandises britanniques ; on demande la fondation d’une université nationale du Bengale, indépendante du contrôle britannique, où la première place serait donnée aux langues indigènes, la seconde à l’anglais ; des journaux nationalistes fomentent l’esprit de résistance et exaltent la mémoire des héros des nationalismes européens, Cavour, Mazzini, Kossuth, Parnell ; le gouvernement de l’Inde croit barrer la route à l’esprit nouveau en interdisant l’enseignement de l’histoire de l’Europe moderne dans les universités indiennes. Mais le mouvement gagne de proche en proche ; des révoltes éclatent, suivies de rigoureuses répressions qui ne découragent pas les patriotes. On applaudit avec enthousiasme aux succès du Japon contre la Russie. On surveille la con-