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Page:Demogeot - Histoire des littératures étrangères, Littératures méridionales, 1906.djvu/268

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L’ESPAGNE.

Montano est retourné aux pieds d’Isménie et en a fait so : i épouse, tandis que la sœur d’Isménie a accordé sa main à Alanio.

On peut juger, par cet aperçu très sommaire, de Ja bizarrerie des combinaisons et de l’étrange imbroglio que présentent les épisodes de la Diane. Le public espagnol se plaît à ces enchevêtrements d’intrigues et les comprend sans peine. Le théâtre les lui présente sans cesse, et lui en fait une habitude et un plaisir.

Là n’est pas, on le pense bien, le vrai et durable mérite de la Diane : un sentiment profond, une tendresse sincère répand la chaleur et la vie dans cette romanesque fiction. Quelques-unes des poésies qui l’accompagnent sont réellement belles, surtout les pièces lyriques. La prose de Montemayor, moins pure que celle de Sannazar, est remarquable néanmoins par sa grâce et sa richesse ; s’il est difficile de lire l’ouvrage entier, on en parcourra toujours avec plaisir certaines parties.

La Diane eut un succès comparable à celui dJAmadis. Comme lui, elle eut de nombreux héritiers. En 1504, trois ans après la mort de l’auteur, Alonzo Ferez en donna une continuation d’après le plan que Montemayor lui avait communiqué. Cette suite est faible et manque de passion et d’intérêt. Mais la même année, Gil Polo, professeur de grec à l’université de Valence, publia une autre continuation de la Diane, en six livres, dont l’invention, le style, les épisodes, les poésies, n’étaient pas indignes de l’ouvrage primitif, et furent accueillis du public avec une grande faveur. Ensuite on vit paraître successivement Les dix livres de la Fortune et de l’Amour ; la Phillis ; La vérité pour les jaloux ; Les nymphes de l’Ilenarès ; Les bergers d’Ihérie ; puis L’Arcadie de Lope de Vega ; L’âge d’or de Bernard de Balbuena ; La constante Amaryllis, etc., tous ouvrages de la même classe que la Diane, tous romans pastoraux entremêlés de poésies.