Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/102

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VI


Jasmin, après avoir dépassé Corbeil, arriva au faîte du chemin qui descend vers Étioles. Le village en ce joli mai s’étageait dans un vaste entonnoir de verdure  ; de la neige pourprée des pommiers tardifs émergeaient les toits cabossés des chaumières et le clocher, qui prenait un ton de vieil ivoire. Des commères, jupes retroussées, apportaient de la navette aux tarins des cages sous les gouttières, ou posaient les rouets à leur seuil pour filer au bon air.

Buguet était parti très tôt avec sa carriole pleine de fleurs alignées dans des bourriches et des pots ; son attelage battait neuf comme le soleil printanier qui faisait briller les essieux. La voiture peinte en vert sortait pour la première fois et le cheval blanc trottinait gaiement.

Ce n’était point sans peine que le garçon se trouvait maître de cet attelage ! Sa mère ne voulait pas d’un achat aussi considérable. Pour la première fois une querelle avait éclaté dans la demeure du jardinier.