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XVI


Depuis des temps éloignés, les Buguet n’avaient cessé d’être la proie du village ; leurs cheveux blancs ne faisaient pas cesser les rancunes, que les rustres, avec des méchancetés de bêtes fauves, transmettaient à leurs enfants.

Quand il se rendait le dimanche à l’église, Jasmin entendait toujours les mêmes propos. On lui reprochait la mort de la mère Buguet, la disparition de Tiennette Lampalaire. Personne n’oubliait que le jardinier s’était vu chassé de Bellevue après avoir été le serviteur de la « putain du Roi ». Les nouveau-nés, à Boissise, paraissaient téter cette haine avec le lait de leurs mères. Les Règneauciel et les Lampalaire se montraient les plus venimeux et les plus hostiles. Ils menacèrent plusieurs fois les Buguet de mort.

Le curé seul venait chez Jasmin avec un bon sourire. Il consolait, prêchait la résignation. Il était maigre et pâle. On disait qu’il avait bien cent ans.