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124 MANTITHÉE

nom ne lui appartenait pas(32), et ensuite ne pas former lui-même une opposition sous ce même nom. S’il a jugé lui-même dans sa propre cause qu’il est bien et dûment Baeotos, que veut-il donc que vous fassiez, vous qui avez un serment à tenir ? Pour prouver que je dis vrai, prends-moi l’opposition et l’acte de griefs.


OPPOSITION, ACTE DE GRIEFS.

Si mon adversaire peut vous montrer une loi qui permette aux enfants de se donner le nom qu’ils veulent, alors vous pouvez juger en sa faveur. Mais si la loi, que, vous savez tous comme moi, confère aux parents le pouvoir non seulement d’imposer le nom au moment de la naissance, mais encore de le faire disparaître ensuite, et de le révoquer publiquement(33) ; si d’ailleurs j’ai prouvé que le père, investi de ce pouvoir par la loi, a imposé à lui le nom de Bœotos et à moi celui de Mantithée, vous reste-t-il autre chose à faire que de voter en ma faveur ? Il y a plus. Là où il n’y aurait pas de loi, vous avez juré de vous prononcer suivant ce qui vous paraîtra le plus juste(34) ; en conséquence, alors même qu’il n’y aurait aucune loi sur ce sujet, vous n’en seriez pas moins obligés de vous prononcer en ma faveur. En effet, avez-vous jamais donné le même nom à deux de vos enfants ? ou, si vous n’avez pas encore d’enfants, donnerez-vous le même nom à ceux que vous aurez un jour ? Non, assurément. Eh bien donc, la règle que vous vous imposez à l’égard de vos enfants, la religion du serment vous oblige à nous l’appliquer. Ainsi, appuyé sur la voix de vos consciences, sur les lois, sur,vos serments, sur l’aveu de mon adversaire, je vous présente, Athéniens, une demande raisonnable et juste. Ce que mon adversaire vous demande n’est pas raisonnable et ne s’est jamais vu.