Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T01.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

eut un grand retentissement. Mon père qui, en déférant ainsi le serment, avait acquiescé par avance à la sentence arbitrale, fut très affligé du résultat, et eut beaucoup de peine à s’y résigner. Même alors, il ne voulut pas consentir à recevoir ces hommes dans sa maison, mais il fut contraint (05) de les présenter à la phratrie. Il fit donc inscrire celui-ci sous le nom de Bœotos, celui-là sous le nom de Pamphilos. Quant à moi, qui avais environ dix-huit ans, il m’engagea aussitôt à épouser la fille d’Euphémos, voulant avant de mourir, voir des enfants auxquels j’aurais donné le jour. Je me dis alors, juges, que mon devoir avait toujours été de faire plaisir à mon père, mais qu’au moment où ces hommes le tourmentaient par leurs procès et leurs tracasseries, je devais plus que jamais tâcher de lui être agréable en toutes choses. Je me conformai donc à son désir, mon mariage se fit de cette manière, j’eus une fille que mon père put voir, et peu d’années après il tomba malade et mourut. Tant que mon père avait vécu, juges, il m’avait semblé que je ne devais en rien contrarier ses volontés (06). Après sa mort, je reçus ces hommes dans ma maison et je leur donnai une part de tous les biens, non que je les tinsse pour mes frères, — car la plupart d’entre vous n’ignorent pas de quelle façon ils le sont devenus, — mais, du moment où mon père s’était laissé tromper, je crus que je ne pouvais me dispenser d’obéir à vos lois. Je les reçus donc ainsi dans ma maison, et lorsque nous partageâmes la succession de mon père, je demandai à reprendre la dot de ma mère. Mais ces hommes combattirent cette prétention par une autre, et soutinrent que leur mère était créancière d’une dot égale. D’après le conseil des personnes qui étaient là présentes, nous partageâmes tous les biens, à l’exception de la maison et des esclaves attachés au service de mon