Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T01.djvu/195

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cette femme pleine de vie, dont il était épris, et il lui eût sacrifié le fils de la morte. Ni moi, ni celle qui n’était plus n’aurions pu le détourner d’adopter les enfants de cette femme, qui était là vivante, et qui avait des relations avec lui. Mais non. Cet homme pousse la témérité jusqu’à prétendre que mon père a célébré à son sujet le repas du dixième jour. Sur ce point il n’a joint au procès d’autres témoignages que ceux de Timocrate et de Promachos qui ne sont point de la famille de mon père, et n’ont jamais été ses amis (13). Évidemment ils n’ont pas dit la vérité. En effet, quand vous savez tous que cet homme a intenté une action à mon père, et s’est ainsi fait adopter de force, comment admettre d’après la déclaration de ces deux témoins, qui ne sont que deux, comme des recors (14), que mon père ait célébré la naissance de cet homme par le festin du dixième jour ? Cela peut-il être croyable pour un seul d’entre vous ? Il n’a pas même la ressource de dire que mon père, après l’avoir adopté lorsqu’il était enfant, l’a pris ensuite en aversion, par ressentiment contre leur mère. En effet, dans les querelles entre homme et femme, on se rapproche bien souvent à cause des enfants. Il est rare que les enfants communs se trouvent enveloppés dans la haine que l’on éprouve l’un pour l’autre. Si donc il entreprend de plaider cela, ne lui permettez pas de tenir ce langage de mauvaise foi.

S’il veut parler des actions que l’arbitre a jugées en ma faveur, et s’il prétend qu’il a été surpris sans avoir pu se préparer, rappelez-vous d’abord qu’il a eu à sa disposition pour se préparer, non pas peu de temps, mais plusieurs années, rappelez-vous ensuite que c’est lui qui était demandeur. Si donc l’un de nous a été surpris par l’antre sans avoir pu se préparer, il y a toute apparence