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Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T01.djvu/201

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avec leurs pères vivants, mais ils en parlent avec respect lorsque ceux-ci ne sont plus. Au contraire, les enfants qui se sont fait reconnaître comme tels, quoiqu’ils ne le fussent pas réellement par la naissance, ont facilement des différends avec leurs pères vivants, et ne se font aucun scrupule d’en mal parler lorsque ceux-ci sont morts. Voyez en outre ce qu’il y aurait d’étrange à ce que cet homme vînt se plaindre et dire : « Mon père a commis envers moi de mauvaises actions : » quand c’est précisément à ces mauvaises actions de son père qu’il doit d’être devenu votre concitoyen. Moi, qui ai été dépouillé par leur mère des deux tiers de mon patrimoine, je m’abstiens pourtant de rien dire d’inconvenant à l’égard de cette femme. Lui, au contraire, il se permet d’attaquer devant vous l’homme qu’il a forcé de devenir son père. Bien plus, voyez à quel point il s’oublie : quand les lois défendent de mal parler des morts (22), même de ceux qui ne sont pas nos pères, cet homme viendra insulter celui dont il prétend être le fils, celui dont il devrait défendre la mémoire contre tout diffamateur quel qu’il fût.

Je pense aussi, juges, qu’à défaut d’autres arguments, il se mettra à dire du mal de moi, qu’il essayera d’avancer des faussetés sur mon compte, en disant que j’ai été nourri, élevé, marié dans la maison de mon père et que lui n’a eu aucun de ces avantages (23). Mais rappelez-vous que j’étais tout enfant lorsque j’ai perdu ma mère. Aussi les revenus de la dot ont suffi pour ma nourriture et mon éducation. Au contraire leur mère Plangon, qui nourrissait chez elle ses deux enfants, ainsi qu’un grand nombre de servantes, tout en menant elle-même un grand train, qui abusait de la passion de mon père pour entretenir le luxe dont elle jouissait, et exigeait de lui de grandes dépenses, a profité bien plus que moi de la fortune