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Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T01.djvu/254

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sortir furtivement son navire. En conséquence, le créancier prend son parti. Il transmet le gage à la banque qui le décharge de son cautionnement. En même temps il déclare que Parménon est créancier de dix mines sur le navire.

Les liquidateurs de la banque font vendre le navire et l’équipage aux enchères publiques. La vente produit quarante mines, Parménon et la banque rentrent ainsi dans leurs avances. Il n’y a ni perte ni bénéfice pour personne, si ce n’est pour Apatourios qui se trouve ruiné. L’acte qui constatait la convention est anéanti en présence de témoins, l’opération est terminée, et toutes les parties se donnent respectivement quittance et décharge.

Qu’Apatourios ait gardé rancune à ceux qui l’avaient mis en cet état, on le comprend sans peine. Il s’était querellé avec Parménon le jour où il avait tenté de fuir. On en était venu aux mains et des coups avaient été portés. Parménon et Apatourios intentèrent réciproquement l’un contre l’autre une action en dommages-intérêts, pour voies de fait, πληγῶν καὶ βλάβης, dit Libanios. Mais ce n’est pas le terme technique, car il n’y avait pas d’action πληγῶν. D’autre part, il n’y avait qu’une seule action intentée. C’était donc ou l’action αἰκίας (Meier et Schoemann) ou l’action βλάβης (A. Schaefer). Quoi qu’il en soit, dans le cours de la procédure Parménon et Apatourios se décidèrent à faire un compromis et à constituer des arbitres. Malheureusement l’acte de compromis, déposé chez un des arbitres, ne put se retrouver, soit qu’il eût été réellement perdu, soit qu’il eût été supprimé par un concert frauduleux entre le dépositaire et Apatourios. De là une nouvelle contestation entre les parties sur la composition du tribunal arbitral. Suivant Parménon, il y avait un arbitre nommé d’un commun accord, Phocritos, de Byzance, et deux assesseurs nommés par chacune des deux parties. Celui d’Apatourios était l’Athénien Aristoclès, celui de Parménon était précisément l’ami dont il a été question plus haut, celui qui avait fait l’affaire des quarante mines. Mais si l’on en croit Apatourios, il n’y aurait eu qu’un seul arbitre, Aristoclès ; les deux autres n’auraient été nommés qu’à