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Ces plaintes n’étaient point exagérées : beaucoup d’anciens rebelles, surtout après le décret d’amnistie du 7 nivôse an VIII, avaient, il est vrai, fait leur soumission, et les autorités militaires, en échange de la remise de leurs armes, leur délivraient une sorte de brevet de civisme, rédigé dans le style prétentieux de l’époque.

Mais il en resta beaucoup, jeunes gens pour la plupart, qui, après avoir mené longtemps cette existence errante et batailleuse, s’être habitués à vivre de réquisitions et de pillage, ne voulurent s’astreindre ni à la vie régulière ni aux travaux paisibles de leur profession. Ils refusèrent de déposer les armes, et comme il était nécessaire, pour se maintenir dans cette situation de révoltés, de se procurer de l’argent, des munitions et des vivres, ils se répandirent dans les campagnes, brûlant, saccageant, volant, torturant, assassinant, se livrant aux plus sauvages excès.

Ne croyez pas que je veuille assombrir ce tableau, les Registres du Tribunal criminel à cette époque et les dossiers de vos archives sont remplis des récits de leurs exploits sanguinaires, et, si la justice envoyait à l’échafaud, revêtus de la chemise rouge des incendiaires et des meurtriers, les coupables qu’elle parvenait à saisir, elle était néanmoins impuissante à arrêter le cours de leurs forfaits.

L’on a parfois cherché à disculper les Chouans des terribles accusations portées contre eux, en prétendant que