Page:Denikine - La décomposition de l'armée et du pouvoir, 1922.djvu/203

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Gourko. Attendez ! Plus tard, vous aurez le temps d’agir. Ce qui a déjà été fait ces deux derniers mois et demi n’est pas digéré. Nous avons en mains des règlements où sont tracés les devoirs et les droits : toutes vos ordonnances nouvelles ne parlent que de droits.

Rejetez cette opinion que la paix viendra d’elle-même. Si l’on dit qu’il ne faut pas continuer la guerre, on est un traître. Si l’on dit qu’il ne faut pas attaquer, on est un lâche.

Il y a parmi vous des sincères, des convaincus. Qu’ils viennent auprès de nous et qu’ils y demeurent un certain temps : ils secoueront leurs préjugés. Vous possédez une presse : qu’elle exalte l’amour de la Patrie, qu’elle exige de tous qu’on fasse son devoir.

LE PRINCE LVOV. — Nous avons suivi les discours des commandants en chef. Nous comprenons tout ce qui a été dit. Nous ferons notre devoir, pour la Patrie, jusqu’au bout.

TSÉRÉTELLI. — Il n’y a ici personne qui veuille désorganiser l’armée ou faire le jeu de Guillaume.

On a reproché au Soviet de travailler à corrompre l’armée. Et pourtant tout le monde reconnaît que, seul, aujourd’hui, le Soviet détient l’autorité. S’il n’avait pas existé, que serait-il arrivé ? Il est heureux que la démocratie ait sauvé la situation. Nous avons foi en l’avenir.

Qu’allez-vous faire ? Deux voies s’ouvrent devant vous : vous pouvez repousser la politique du Soviet — mais alors, votre autorité ne reposera sur rien, vous ne saurez comment prendre l’armée en main et la conduire à la victoire qui sauvera la Patrie ; il est une autre voie, la bonne, celle que nous avons déjà explorée, celle où l’on va au-devant des vœux et des aspirations du peuple.

Si le haut commandement lui-même n’a pas su démontrer que la force de l’armée chargée de nous défendre consiste en sa capacité d’attaquer, il n’est pas de magicien qui puisse y réussir.

On nous dit que la formule : « paix sans annexions ni contributions » a jeté le trouble dans l’armée, dans la masse. Il est possible qu’elle ait été mal interprétée. Il fallait expliquer qu’il s’agissait du résultat définitif. Nous ne pouvons abandonner cette formule. Nous reconnaissons que la Patrie est en danger. La défendre, c’est le devoir du peuple russe tout entier.

Le gouvernement doit être un. Il doit inspirer confiance. Pour y arriver, il faut rompre avec l’ancienne politique. L’unité ne peut se fonder que sur la confiance. Et cette confiance, on ne peut l’acheter.

Les aspirations du Soviet ne sont pas celles de quelques groupes distincts. Ce sont celles de tout le pays. Les méconnaître, c’est méconnaître tout le pays.

Vous comprendriez peut-être l’ordre du jour numéro 1, si vous étiez renseignés sur les circonstances qui en ont accompagné la publication. Nous avions devant nous une foule en désordre : nous avons dû l’organiser.