Page:Denikine - La décomposition de l'armée et du pouvoir, 1922.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

guerre civile s’éternisait ([1]). De toutes ces circonstances sortit le projet de créer une armée cosaque indépendante. Les troupes du Kouban furent les premières à le concevoir. À ce moment donné, Kalédine y fit opposition, d’accord avec ceux des hommes du Don qui se montraient partisans d’une politique moins séparatiste.

Tout ce qui vient d’être exposé a particulièrement trait à trois groupes cosaques (Don, Kouban et Térek) comprenant les 60 % de la totalité des Cosaques. Leurs caractéristiques générales sont aussi celles des autres territoires.

À mesure que la composition du ministère se modifiait et que son autorité diminuait, les sentiments des Cosaques à l’égard du Gouvernement Provisoire se transformèrent. On en trouve l’expression dans les motions et dans les proclamations du Conseil de la ligue de toutes troupes, celles des atamans, des « cercles » et des gouvernements cosaques. Jusqu’au mois de juillet les votes sont unanimes : les Cosaques se soumettent au gouvernement et se déclarent prêts à le soutenir. Plus tard, tout en reconnaissant jusqu’au bout le pouvoir central, ils manifestent une vive opposition quand il s’agit d’organiser leur administration, leur système agraire. Ils ne veulent plus que leurs troupes servent à réprimer les révoltes militaires, à étouffer les troubles et les émeutes.

En octobre le « conseil » du Kouban s’érige en Constituante et promulgue la constitution du territoire du Kouban. Il faut signaler de quel ton l’on parle : « Quand le Gouvernement Provisoire guérira-t-il de cette maladie (le bolchevisme) ? Quand prendra-t-il les mesures indispensables pour faire cesser tous ces désordres ? »

Le Gouvernement Provisoire, à bout d’autorité, sans moyens d’agir, cédait sur tous les points et s’efforçait de s’entendre avec les gouvernements cosaques.

Et voici des faits particulièrement intéressants : à la fin d’octobre toutes les communications étaient coupées, le Don manquait de renseignements précis au sujet des événements de Pétrograd et de Moscou. On ignorait les destinées du Gouvernement Provisoire, mais on supposait que certains ministres continuaient à gouverner, quelque part. Les chefs cosaques, représentant les troupes alliées du Sud-Est ([2]), cherchèrent à atteindre ce reste de gouvernement. Ils s’offraient à le défendre contre les bolcheviks. Mais ils faisaient leurs conditions, d’ordre économique : on leur prêterait un demi-milliard de roubles, sans intérêts, l’État prendrait à sa charge l’entretien des régiments cosaques en dehors du territoire de la ligue, on créerait une caisse de retraite et un fonds destiné à indemniser les victimes et leurs parents, on abandonnerait aux Cosaques tout le butin ( ?) que leur procurerait la guerre civile.

  1. Je reviendrai en détail sur tous ces faits.Celles du Don, du Kouban, du Térek, d’Astrakhan et les montagnards du Caucase septentrional. Voir la suite.est
  2. Celles du Don, du Kouban, du Térek, d’Astrakhan et les montagnards du Caucase septentrional. Voir la suite.Comité exécutif panrusse des cheminots.