étaient, en outre, « les yeux et les oreilles » du gouvernement provisoire).
La conférence fut levée sur un discours de Kérensky. Le ministre justifia les mesures prises, prouva que la « démocratisation » de l’armée avait été une fatalité inévitable. Il nous reprocha de chercher la cause de notre défaite uniquement dans la révolution et dans son influence sur les soldats russes, fit une charge à fond contre l’ancien régime et ne sut pas, en définitive, nous stimuler à collaborer avec le gouvernement.
On se sépara tristement. On avait l’impression qu’on ne s’était pas compris les uns les autres. Moi, tout particulièrement. Mais je gardais l’espoir — hélas ! Je me trompais — que notre voix serait entendue.
Cette espérance, une lettre que Kornilov m’adressa, peu après sa nomination au poste de chef suprême, vint la confirmer :
« J’ai lu, avec une très sincère et très profonde satisfaction, le rapport que vous avez fait au Grand Quartier Général le 16 juillet. Je le contresigne des deux mains. Je salue très bas votre énergie et votre courage qui m’ont enchanté. Je crois fermement qu’avec l’aide de Dieu nous pousserons jusqu’au bout la réorganisation de notre chère armée, à laquelle nous rendrons la volonté de vaincre ».
La destinée devait cruellement bafouer notre confiance en l’avenir.