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jugés, les erreurs, les sophismes ont revêtu notre intelligence, nous pénétrons dans les replis les plus intimes de notre être, nous nous y trouvons face à face avec ces principes augustes sans lesquels il n’est pas de grandeur pour l’humanité : l’amour du bien, le sentiment de la justice et du progrès. Ces principes, qu’on retrouve à des degrés divers, aussi bien chez l’ignorant que chez l’homme de génie, ne peuvent provenir de la matière, qui est dépourvue de tels attributs. Et si la matière ne possède pas ces qualités, comment pourrait-elle former, seule, des êtres qui en sont doués ? Le sens du beau et du vrai, l’admiration que nous éprouvons pour les œuvres grandes et généreuses, ne sauraient avoir la même origine que la chair de nos membres ou le sang de nos veines. Ce sont plutôt là comme les reflets d’une haute et pure lumière qui brille en chacun de nous, de même que le soleil se reflète sur les eaux, que ces eaux soient troubles ou limpides.

En vain prétendrait-on que tout est ma-