Aller au contenu

Page:Denon - Point de lendemain (Didot, 1812).djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

amour-propre vous ferait croire que je vous crains. — On voulut prévenir les illusions, et j’eus le baiser.

Il en est des baisers comme des confidences : ils s’attirent, ils s’accélèrent, ils s’échauffent les uns par les autres. En effet, le premier ne fut pas plutôt donné qu’un second le suivit ; puis, un autre : ils se pressaient, ils entrecoupaient la conversation, ils la remplaçaient ; à peine enfin laissaient-ils aux soupirs la liberté de s’échapper. Le silence survint, on l’entendit (car on entend quelquefois le silence) : il effraya. Nous nous levâmes sans mot dire, et recommençâmes à marcher. Il faut rentrer, dit-elle, l’air du soir ne nous vaut rien. Je le crois moins dangereux pour vous, lui répondis-je. — Oui, je suis moins susceptible qu’une autre ; mais n’importe, ren-