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Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/10

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complir les plus grands voyages à travers les livres et à travers le monde. Il est mal à l’aise à la tribune du Sénat, sur cette étroite plateforme, devant une assemblée plus littéraire que politique, souvent assez hautaine en ses allures et qui paraît se faire une règle de paraître glacée. La braise incandescente qui brûle au cœur du vieil historien reçoit dans ce milieu une singulière impression de refroidissement. Il se resserre étrangement et se recroqueville sur lui-même. La parole ne sort plus qu’avec effort, et comme arrachée de ses entrailles à force de mouvements de la tête et des bras. Aussi ne monte-t-il à la tribune du Sénat que dans les occasions les plus importantes, lorsque la grandeur des intérêts en jeu et les prières de ses amis l’arrachent de sa place et le poussent en avant. Alors il se résigne, il s’avance d’un air de victime. On voit, de la manière la moins équivoque, qu’il accomplit un acte de dévouement et d’abnégation. Une fois les forces lui ont manqué au milieu de son discours ; il est redescendu, défaillant, dans les bras de ses amis éperdus. Si plein de science, de patriotisme, de vérités, de lumière, il a horreur de se montrer, et il ne gravit qu’en triomphant de