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Page:Depasse - Léon Gambetta, 1883.djvu/10

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personnelle. Gambetta n’était prévoyant que pour la patrie. Son égoïsme à lui était d’aimer sans bornes la République et la France.

Gambetta cherchait sa conscience, son développement, son progrès, sa gloire dans la conscience et dans la gloire de son pays. Il ne vivait que de la vie publique. Son sang, ses forces, ses facultés, il les dépensait avec une prodigalité furieuse et superbe, il s’en dépouillait avec une joie triomphante pour vivre plus pleinement de la vie nationale universelle.

C’est ainsi que s’expliquent sans doute cette vibration incessante de tout son être, cette belle humeur inaltérable, ce rire rabelaisien, ces sarcasmes terribles et ces séductions de l’amitié la plus tendre et la plus fidèle, dont tant d’amis sont les témoins irrécusables ; — c’est ainsi que s’explique cette puissance souveraine d’entrain et d’élan qui emportait des foules d’hommes derrière lui, à travers toutes les émotions et toutes les passions, la colère, la gaieté, la rage patriotique, l’espérance irrésistible ; c’est que Gambetta a eu ce don à un degré tout à fait éminent de vivre de la vie ambiante, de s’imprégner de l’âme collective des assemblées humaines.