Page:Depasse - Ranc, 1883.djvu/21

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avait connu Bellemarre à Sainte-Pélagie. Lange fut interrogé une fois par M. le juge d’instruction Brault, puis il n’entendit plus parler de rien ; moi, je ne fus pas interrogé du tout. J’étais du reste fort tranquille, n’ayant absolument rien fait qui pût me compromettre, et certain que Bellemarre était incapable de porter contre moi une accusation fausse. En effet, plus tard, lorsque j’allai en Afrique, un de mes gendarmes me montra ma feuille signalétique, et j’y vis qu’on me reprochait seulement d’avoir connu les projets de Bellemarre. »

Au bout de trois mois, M. Ranc fut mandé à la préfecture, et il apprit que, vu le décret du 8 décembre 1851, vu le jugement du tribunal correctionnel qui l’avait condamné précédemment à un an de prison pour société secrète, il allait être transporté à Cayenne. Cependant, grâce aux démarches d’une femme dévouée, parente de la mère de M. Ranc, Cayenne fut changé en Lambessa. « Je lui en fus profondément reconnaissant, dit M. Ranc, surtout pour les miens, dont la douleur et les inquiétudes étaient ainsi allégées de moitié ; car, pour moi, j’ai la vie dure, et j’ai idée que je me serais tiré de Cayenne comme de Lambessa. »