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Mais Philippe le Bon sut exploiter habilement la rivalité des grandes villes et les vainquit tour à tour. Il laissa les milices communales à l’écart pour les déshabituer du maniement des armes et affaiblir ainsi les villes. À l’exemple du roi de France Charles VII, il se créa une armée permanente formée de mercenaires français, italiens ou espagnols, payés par le prince. Ces compagnies de mercenaires, soumises à une discipline sévère, constituèrent une arme puissante pour faire respecter par tous le pouvoir du souverain.

Quant aux fiers seigneurs féodaux, les princes se les attachèrent en leur accordant des grades dans l’armée permanente et des distinctions honorifiques, telles que l’ordre si envié de la Toison d’or, créé par Philippe le Bon en 1429.

Ainsi, le pouvoir princier, paré d’un éclat tout nouveau, s’éleva au-dessus des deux grandes puissances du moyen âge. Le même phénomène se produisit à la même époque dans les pays voisins ; en France, sous Louis XI ; en Angleterre, à la suite de la guerre des Deux-Roses, qui décima l’aristocratie ; et en Espagne, grâce au génie politique de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille.

Ce triomphe du pouvoir central constitue l’un des caractères saillants de la période historique qui s’ouvre en 1453, sous le nom de temps modernes.



CHAPITRE III

Charles le Téméraire.

(1467-1477)

§ 1. — Luttes contre les communes.


Le fils de Philippe le Bon était doué de qualités rares : la franchise, la loyauté, la justice s’unissaient en lui à des mœurs pures et à des habitudes laborieuses. Malheureusement, son orgueil était sans bornes, son obstination inflexible, et, sous l’influence de la colère, sa brutalité habituelle pouvait se transformer en cruauté monstrueuse.