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raire pour 230.000 florins, par l’archiduc Sigismond d’Autriche, et cette précieuse acquisition relia la Bourgogne aux Pays-Bas.

En 1472, la Gueldre lui fut vendue par Arnould d’Egmont, qui voulait ainsi punir son fils Adolphe, révolté contre lui. Le duc de Bourgogne se mit de force en possession de ce duché et le Rhin lui servit de limite au nord.

Alors, il sollicita de l’empereur d’Allemagne, Frédéric III, le titre de roi de Bourgogne. Dans une entrevue fameuse, à Trêves, le couronnement de Charles fut décidé, et des préparatifs somptueux furent faits en vue du sacre. Mais Louis XI parvint à effrayer Frédéric III, prince défiant et faible d’esprit ; et le matin du grand jour qui devait voir se réaliser le rêve glorieux du Téméraire, l’empereur disparut sans prévenir son hôte (1473).

2. Revers du Téméraire. Sa mort. — Sur ces entrefaites, un soulèvement se produisit en Alsace contre la rigueur implacable du gouverneur bourguignon, Pierre de Hagenbach. Les rebelles, soutenus par le jeune René de Vaudémont, duc de Lorraine, et par les Suisses, firent monter à l’échafaud le sire de Hagenbach : et René envoya au duc de Bourgogne un héraut qui jeta à ses pieds le gantelet ensanglanté, signe d’une guerre à mort.

Charles, outré de colère, interrompit aussitôt les hostilités qu’il avait reprises contre Louis XI, et conclut une trêve avec celui-ci. Puis il se jeta sur la Lorraine et en fit la conquête en trois semaines : il déclara solennellement qu’il ferait de Nancy la capitale de son royaume.

Ensuite, il dirigea sa brillante armée sur la Suisse. Les habitants lui envoyèrent des députés pour solliciter la paix : « Il y a plus d’or, disaient-ils, aux talons de vos chevaliers, que vous n’en trouverez dans tous nos cantons ». Le duc ne voulut rien entendre. Il s’empara de la forteresse de Granson, et fit pendre les huit cents hommes de la garnison. Alors les rudes montagnards jurèrent de venger leurs frères : ils attaquèrent l’armée bourguignonne sous les murs même de Granson et la détruisirent ; le duc dut fuir accompagné de cinq serviteurs seulement.

Les Suisses firent un immense butin : l’artillerie du Téméraire, son riche trésor, ses diamants, sa tente de