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Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/133

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vêtements et foula aux pieds son chapeau. Il courut assiéger Mons. Alors le prince d’Orange, avec trente mille hommes, envahit à son tour les Pays-Bas, et l’illustre amiral de Coligny se prépara à le rejoindre avec les calvinistes français. Le duc d’Albe était inévitablement perdu !

Mais, pendant lu nuit du 23 au 24 août 1572, par les ordres du roi Charles IX, et sous l’inspiration de la reine-mère, Catherine de Médicis, eut lieu cet effroyable égorgement des calvinistes qui s’appelle la Saint-Barthélemy. Ce fut un immense carnage par toute la France, et Coligny tomba l’un des premiers. Ce grand crime sauva le duc. Le prince d’Orange dut se retirer vers l’Allemagne, et Mons succomba.

Le duc d’Albe se dirigea ensuite vers le nord. Il livra Malines à ses soldats, parce que le prince d’Orange y avait pénétré : ce fut pendant trois jours un pillage effréné qui ne respecta pas même les églises ! Celles-ci furent odieusement profanées, et les excès des iconoclastes furent dépassés. Puis le fils du duc d’Albe, Frédéric de Tolède, assiégea Zutphen : « Ne laissez pas un homme en vie ; brûlez toute maison jusque dans ses fondements ! » tel était l’ordre affreux du duc. La ville, en effet, après une vigoureuse défense, fut détruite. La population de Naarden épouvantée se soumit sans résistance, sur la promesse des Espagnols de respecter la vie et les biens. Entrés dans la ville, les Espagnols assemblèrent les habitants sous prétexte de prêter serment de fidélité ; mais, soudain, ils les assaillirent avec fureur et les égorgèrent ; puis, à la lueur de l’incendie, ils poursuivirent par toute lu ville leur œuvre de pillage et de meurtre. Ils se tournèrent alors contre Harlem. La ville se défendit avec l’énergie du désespoir. Pendant sept mois, elle tint les bandits en échec. À la fin, elle capitula à des conditions favorables. Mais les Espagnols, violant de nouveau la foi jurée, vengèrent dans le sang les maux d’un long siège. Enfin, ils se présentèrent devant Alkmaar, et cette misérable petite ville de pêcheurs osa leur fermer ses portes. Le duc d’Albe indigné écrivit à son maître : « Si nous prenons Alkmaar, je ne laisserai pas une créature en vie ; chaque gorge servira de gaine à un couteau ! » Ce fou furieux ne put heureusement réaliser ses menaces. L’armée espagnole dut lever le siège, et les Gueux remportèrent, sur le Zuiderzée, une brillante victoire navale où la flotte espagnole fut détruite.

À ce moment, arrivait dans les Pays-Bas, comme gou-