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Les propriétés ainsi cédées s’appelèrent des bénéfices et plus tard des fiefs.

4. Hérédité des fiefs. — Les bénéfices étaient donc donnés d’abord pour la vie seulement. Mais on conçoit aisément que les fils à la mort du père, désiraient, en jouir à leur tour ; et si le père avait fidèlement servi le prince, celui-ci ne s’y opposait pas souvent. Au besoin d’ailleurs, le fils retenait de force le bénéfice, quand le souverain manifestait l’intention de le reprendre. Cela se vit fréquemment à partir de Louis le Débonnaire. Bientôt les nobles prétendirent partout laisser leurs fiefs à leurs enfants, et les rois furent obligés d’y consentir : les fiefs devinrent héréditaires.

Le même phénomène se produisit à propos des emplois : sous Charlemagne, les comtes, gouverneurs des provinces, n’étaient pas à leur mort remplacés par leur fils. Mais, après lui, ils essayèrent naturellement de maintenir dans leurs familles la haute dignité dont ils étaient revêtus. Ici encore, les rois durent céder et les comtés devinrent ainsi des fiefs héréditaires.

5. Transformation des alleux en fiefs. — Au IXe siècle, les alleux, à leur tour, devinrent des fiefs sous l’influence de causes diverses. L’empire à cette époque, était retombé dans un désordre inexprimable : les lois étaient impunément violées ; les puissants seigneurs dépouillaient les petits propriétaires ; l’antique droit de venger soi-même ses injures avait reparu, et de nouveau se dressaient devant les portes de sinistres poteaux, sur lesquels était fichée la tête d’un ennemi tué. Bientôt enfin s’étaient montrées les bandes dévastatrices des Normands.

Plus de sécurité nulle part pour l’homme faible ! Il fallut chercher des protecteurs au milieu de ces dangers. Les petits propriétaires se recommandèrent aux grands ; le petit seigneur céda son royaume au puissant seigneur, à la condition de le reprendre comme fief : l’un donnait sa protection, l’autre faisait serment de fidélité et s’astreignait à certains devoirs, il devenait vassal.

Au reste, les grands seigneurs eurent souvent recours à la force pour obliger les petits propriétaires à se faire leurs vassaux. Ainsi firent partout les comtes envers les seigneurs de leur comté.

6. Investiture. — Le seigneur qui avait la jouissance